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Le
surréalisme Breton
et les communistes
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Poète français
(Tinchebray, Orne, 1896 — Paris, 1966).
Passionné par la lecture de Baudelaire, de Mallarmé et de Huysmans,
André Breton, âgé de seize ans, correspond avec Paul Valéry. Après des
études de médecine, il est affecté, en 1915, au service
neuropsychiatrique de l'armée; il s'initie aux travaux de Freud et
découvre, dans la psychanalyse, un instrument fécond de connaissance de
notre vie mentale. C'est au régiment qu'il fait la connaissance de Jacques
Vaché, dont l'humour noir et le suicide joueront, pour Breton, un rôle
déterminant dans la genèse du surréalisme. |
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Le surréalisme
En 1917, il rencontre Apollinaire, qu'il
admire, mais dont il réprouve le patriotisme belliqueux. Avec Louis Aragon
et Philippe Soupault, il fonde, en 1919, la revue Littérature,
qui deviendra progressivement dadaïste et où paraît un premier texte
«automatique», les Champs magnétiques (en collaboration avec
Soupault, 1920). Il publie Mont-de-Piété (1919) et Clair de
terre (1923).
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En 1921, il rend visite à Freud, dont les
travaux lui semblent ouvrir la voie à un nouveau type d'écriture, fondée
sur la mise au jour des produits bruts de l'inconscient (écriture dont,
par la suite, Freud avouera «ne pas comprendre l'intérêt»).
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Après avoir rompu avec le mouvement dada, il lance en 1924 son
premier Manifeste du surréalisme, que suivront le Second
manifeste (1929), Prolégomènes à un troisième manifeste (1942)
et Du surréalisme en ses œuvres vives
(1954). Si l'année 1924 est capitale dans la mesure où le
Manifeste (et aussi les écrits théoriques réunis dans les Pas
perdus) expose l'esprit et la méthode du mouvement littéraire le plus
important du demi-siècle, l'année 1928 marque la naissance d'un genre
littéraire nouveau avec Nadja, œuvre à
caractère autobiographique et poétique qu'on ne peut guère rapprocher que
de l'Aurélia de Nerval. |
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C'est dans ce genre que Breton donnera ses chefs-d'œuvre: les Vases communicants (1932);
l'Amour fou (1937); Arcane 17 (1944). Il n'abandonne
cependant pas le poème automatique: l'Immaculée Conception (en
collaboration avec Paul Eluard, 1930); l'Union libre (1931);
le Revolver à cheveux blancs (1932); l'Air de l'eau (1934),
etc., œuvres qui seront réunies dans
Poèmes (1948). |
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Le combat surréaliste constitue son activité principale; articles et
mises au point de toutes sortes, généralement polémiques, donnent lieu à
divers recueils: Point du jour (1934), le Surréalisme et la
Peinture (1928, puis 1965, à partir d'un texte de 1928),
la Clé des champs (1953). Après l'interdiction par le gouvernement
de Vichy de son Anthologie de l'humour noir (1940), Breton s'exile
aux États-Unis. Il rentre en France en 1945 et, à part l'Ode à
Charles Fourier (1947), il ne créera plus de grandes œuvres, rééditant ses livres théoriques, généralement
augmentés d'écrits parus séparément. |
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Breton et les communistes
Les prises de position comme l'œuvre de
Breton sont indissociables du surréalisme, dont il est le fondateur et le
plus important théoricien. Révolutionnaire, le surréalisme exige un
complet bouleversement social et la fin de l'asservissement du prolétariat
pour que la poésie puisse «être faite par tous». Breton est ainsi amené à
se rapprocher du parti communiste, auquel il s'inscrit, ainsi que d'autres
surréalistes. |
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Cependant, il quitte le parti en 1935, pour des motifs qui sont
aussi bien esthétiques que politiques (ces motifs n'étant à ses yeux pas
séparables): l'idée d'un art «pour les masses» lui apparaissant
inadmissible, il refuse la littérature officielle du parti comme, plus
tard, il rejettera violemment le «réalisme socialiste» d'URSS. Trotski,
par l'importance qu'il accorde à l'activité poétique, à l'art et au rêve,
comme par sa théorie de la révolution permanente, lui semble représenter
le type le plus achevé du révolutionnaire et il le rencontre au Mexique
en 1938. |
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L'intransigeance morale et doctrinale de Breton l'amène, au cours des
années, à sacrifier des amitiés (Desnos, Aragon, Eluard) ou l'œuvre d'admirables poètes, d'abord salués comme des
prédécesseurs, tels que Baudelaire et Rimbaud, à la pureté de la ligne
surréaliste. Des compagnons de la première heure, il ne restera que
Benjamin Péret à témoigner, selon Breton, d'une véritable activité
surréaliste. D'autre part, celui qui écrit en 1930: «Je demande
l'occultation profonde, véritable du surréalisme» manifeste un extrême
intérêt pour l'alchimie, qu'il compare aux recherches surréalistes, pour
la kabbale, «alchimie du verbe», ainsi que pour l'astrologie, qui lui
inspire le poème en prose Arcane 17. La pensée de Breton, marquée
par Hegel et soucieuse de rigueur dialectique, ne lui interdit pas de
trouver dans l'occultisme les fondements d'une connaissance à la fois
poétique et matérialiste. Cependant, cette même rigueur le pousse à
attaquer violemment les théories de Georges Bataille en 1930 et, plus
tard, l'Homme révolté d'Albert Camus, qu'il critique avec
pertinence dans Flagrant Délit (1949). |
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La langue de Breton prosateur est celle d'un classique dont le style,
qui parfois évoque Chateaubriand éclate, lorsque «les mots font l'amour»
et que le poète s'abandonne aux images nées d'associations d'une
immédiateté et d'une violence neuves. Quant à sa poésie, après les
surprenantes métaphores érotiques de Clair de terre, il semble
qu'elle ait trouvé un aboutissement d'une perfection presque trop grande
dans l'automatisme maîtrisé et la superbe emphase de l'Ode à Charles
Fourier. |
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